Le stigma entourant la souffrance mentale et la peur qu’elle suscite ajoutent un poids supplémentaire à ceux qui se sentent alors obligés de supporter en silence.
Les premières confidences rencontrent de l’entourage des “Ne sois pas fragile !” ou des “Oh c’est rien ! ça te passera !”… sauf que le temps passe et parfois cette ombre noire ne passe pas. Alors, de quoi s’agit-il ? Et comment s’en sortir ?
Dépression : derrière le masque
La dépression souriante, ou high-functioning depression, est une forme de dépression où les différents symptômes n’affectent pas les sphères de vie professionnelle et familiale du sujet. Pourtant, la souffrance est bien réelle et le risque de complications présent.Commençons d’abord par différencier dépression souriante et dépression clinique.
La dépression clinique est un terme médical pour une affection caractérisée par au moins 5 des 9 symptômes majeurs répertoriés dans le DSM-V sur une durée continue de plus de 2 semaines : l’humeur dépressive, désintérêt pour la majorité des activités et absence de plaisir, changement notable de l’appétit, troubles du sommeil, ralentissement ou agitation psychomoteurs, fatigue, dévaluation de sa personne et culpabilité, difficulté de concentration et de raisonnement, récurrence de pensées liées à la mort. La survenue de ces symptômes nécessite de consulter un médecin, qui est seul habilité à poser un diagnostic de dépression clinique, et pourra coordonner la meilleure stratégie de soin en fonction de la personne et des symptômes. Quant au terme “dépression souriante”, il caractérise non pas le type de dépression ou sa sévérité, mais plutôt la capacité de la personne à continuer à maintenir ses activités : travailler, étudier, maintenir des relations sociales… en donnant l’impression à son entourage que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, souvent aussi, en refusant à soi-même de se plaindre jusqu’à arriver à un point de quasi rupture ou l’apparition d’autres symptômes tels que des douleurs psychosomatiques.À quoi reconnaître la dépression souriante ?
Contrairement aux stéréotypes sur les personnes en dépression – tels que l’humeur maussade, les difficultés à socialiser, la négativité, entre autres-, une personne peut souffrir de certaines formes sans que ce soit facilement détectable pour l’entourage. Elle continue à avoir une vie professionnelle, affective et sociale. Parfois même, il peut être difficile de poser le diagnostic et il peut même arriver que la personne ne s’en rende pas compte avant une aggravation importante des symptômes. Il est à noter que le terme “dépression souriante”, “dépression masquée” ou “high functioning depression” n’existent pas dans les classifications des maladies psychiatriques actuelles (DSM V). Bien que que cette affection puisse s’aggraver avec le temps en d’autres formes de troubles psychiatriques. Alors, voici quelques signes à repérer pour ces épisodes dépressifs atypiques et qui peuvent alerter sur une santé mentale déclinante :- L’impression de faire semblant d’être bien : entendre qu’on est rayonnant, souriant, jovial … alors qu’on se sent triste
- L’augmentation de la fréquence des petits accidents : trébucher, avaler de travers, casser des verres …
- L’augmentation de comportements liés à une addiction avec ou sans produit : travail, tabac, sexe, alcool, compulsions alimentaires …
- L’augmentation des arrêts maladies, ou tomber malade plus fréquemment sans s’arrêter de travailler pour autant
- Sentir qu’être en société est épuisant et demande beaucoup trop d’énergie
- S’effondrer (en tristesse, en larmes ou de fatigue) dès qu’on est seul
- L’impression de perdre son temps, ou de perdre le sens de ce qu’on fait
- Se sentir obligé de prouver qu’on a des difficultés et qu’on a besoin de soutien et d’aide
Les gens ne font pas semblant d’avoir une dépression. Ils font semblant d’aller bien. Soyez gentils ! Robbin Williams
Les risques à ignorer les signaux
Le plus souvent, un épisode de dépression clinique dure moins de six mois. 10 à 15% se résolvent avec le temps, qu’ils soient traités ou non. Et 80% des premiers épisodes dépressifs seraient suivis d’au moins un autre épisode, y compris lorsqu’il y a une prise en charge médicamenteuse et un suivi psychologique. Ceci explique la réaction de refus et de peur qui peut accompagner l’annonce du diagnostic. Cependant, lorsque le suivi est adapté et mis en place précocement et efficacement, les risques de récidive et les symptômes sont largement diminués. La dépression souriante, par son développement insidieux, retarde la prise en charge et peut avoir un impact sur différents aspects de la vie de la personne concernée :- Les douleurs psychosomatiques qui accompagnent souvent la dépression souriante, peuvent devenir envahissant voire handicapants
- Les maladies auto-immunes se déclencheraient dans 20 à 30% des cas à la suite de la dégradation de la santé mentale avec le stress. Des recherches approfondissent encore la corrélation entre la dépression et les maladies auto-immunes sur la base de leur terrain inflammatoire commun
- D’autres affections médicales et en particulier, les maladies cardiovasculaires et les cancers
- La dégradation de la qualité de vie personnelle, familiale et professionnelle
- Augmentation du risque de crise suicidaire, et notamment chez les hommes
Comment se sortir de la dépression souriante ?
Il est d’abord important de se souvenir que nos troubles ne nous définissent pas !- Tu peux avoir l’air de tout avoir et souffrir de dépression
- Tu peux avoir l’air heureux et souffrir de dépression
- Tu peux souffrir de dépression et réaliser d’immenses choses dans ta vie
- Tu peux réaliser des choses, pendant des épisodes dépressifs, et après des épisodes dépressifs
- La dépression est une maladie. Elle ne fait pas de distinctions entre les gens : elle peut frapper des personnes sans distinction, qu’importe leurs genres, leurs couleurs, leurs époques ou leurs conditions sociales…
- Tu n’es pas seul•e
- Demander de l’aide est tout à ton honneur et ça ne fera JAMAIS de toi quelqu’un de faible.
- ET ÇA SE SOIGNE !
- la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : pour modifier certains schémas mentaux et comportementaux
- l’hypnothérapie : excellente approche pour reprogrammer son inconscient et travailler sur les blocages inconscients et les traumatismes
- la sophrologie : approche psycho-corporelle pour mobiliser le corps et le mental
- l’art thérapie : pour sublimer les évènements et les émotions et leur permettre de s’exprimer différemment
- les groupes d’aides : dans les associations, les structures psychiatriques et aussi en ligne, tel que notre groupe Facebook